CELA A COMMENCÉ AU XIVÈME SIÈCLE
Quand les derniers hospitaliers – des moines chevaliers – revinrent de terre sainte et s’installèrent à la commanderie Saint-Georges, dans la jeune ville de Lyon, en 1315, ils ramenèrent avec eux un lourd volume écrit en Terre Sainte et à la main. Il était écrit dans un dialecte latin peu usité et codé. Il s’agissait d’un manuscrit écrit par un moine que beaucoup considérait comme fou… son nom était L’historia mentiendi, un livre dont le contenu révélait bon nombre de vérités cachées de ce monde. Beaucoup était du délire, mais certaines bribes parlaient de choses bien plus noires, bien plus sombres, mentionnées à demi-mots et qui accordaient beaucoup d’importance à ceux que l’auteur appelait être de la nuit ou encore les bénis idolâtres. Deux expressions qui revenaient trop souvent.
Ce livre aurait pu tomber en désuétude, mais ce ne fut pas le cas. Plusieurs moines y prêtèrent foi, s’y intéressèrent… jusqu’à ce que certaines vérités en émergent… vampires et sorciers existaient, et les moines commencèrent alors à rassembler tout ce qui était étrange, sortant de l’ordinaire, au fil des ans, pour comprendre, pour appréhender ce monde qui s’offrait à eux. Compilant chaque information, chaque recherche, dans une bibliothèque secrète cachée au cœur de la ville, inaccessible seulement par les connaisseurs.
Et ils avaient bien raison, car bien au-delà de la compréhension des humains lambda , bien avant qu’ils ne le remarquent, des êtres de l’ombre existaient, comme dans un monde au-delà du monde, se nourrissant de sang… sanguine vampiris. Voilà leur nom, celui qu’on leur donna. Les vampires. Oui, exactement. Mais ils n’étaient pas les seuls. D’autres êtres, bien plus proches des humains, se manifestaient, capables d’actes que certains voyaient comme de la bénédiction céleste et d’autres comme de la malédiction, de l’impiété, de idolâtrie. Sorcellerie, voilà le nom.
Le seul rapport officiel parlant d’eux qui sorti de la bibliothèque secrète des moines fut un long courrier adressé au pape. De par son caractère impie, il fut scellé et brûlé… et peu de temps après, les agents pontificaux en France orchestrèrent dans l’ombre la tristement célèbre Saint Barthélémy, estimant régler le problème ainsi, sans pousser plus loin. Mais les moines n’étaient pas de cet avis, et, en grand secret, ils s’ouvrirent aux profanes en créant l’Erevna, une société secrète dédiée à la recherche et l’étude de ces êtres étranges selon deux principes: le secret, que ce soit vis-à-vis des autres humains ou des espèces étudiées, et l'apprentissage, pour que chaque membre comprenne ce que cela signifiait de faire partie d’un tel système. Le fonctionnement fut alors calqué sur les universités, meilleure manière de faire fonctionner le savoir.
ET CELA CONTINUE AUJOURD’HUI
Nous sommes en 2014, à Lyon, toujours le centre névralgique de cette histoire. Les vampires, comme les sorciers se cachent toujours du grand public et rares sont ceux à avoir l’honneur – le désespoir ? – de connaitre la triste réalité des choses. Chacun tente de préserver son secret, comprenant très clairement que la réactions de masse et l’idée de se retrouver avec plus fort qu’eux sur cette terre -notamment le prédateur naturel de l’homme- est peu rassurant.
Consciente de cela, l’Erevna garde encore ses recherches secrètes. La société occulte est toujours très affairée à comprendre quels sont ces êtres qui hantent le monde, aux frontières de notre connaissance et de notre réalité, pendant que nous, nous dormons tendrement dans nos petits lits douillets.
Nous devrions peut être nous angoisser un peu plus à l’idée du noir… mais qui sait…
Il reste tant de choses à savoir, à apprendre, sur soi, sur les autres et à l’heure de la médiatisation, une révélation est si vite arrivée… difficile de croire qu’aucun secret n’a filtré ! C'en est presque miraculeux.